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Changement climatique Polyculture-élevage en Meuse : quelles possibilités d’adaptation ?

Le changement climatique pourrait avoir des effets positifs pour l’agriculture en Lorraine. Des effets qu’il faudra néanmoins saisir en adaptant quelque peu les systèmes de production. Extrait du rapport AFClim.

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Selon le centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture, quatre pistes d’adaptation au changement climatique sont envisageables pour les exploitations de polyculture-élevage de Lorraine.

Option 1 : Maintenir la production fourragère en optimisant les techniques culturales

Sans contrainte majeure sur le système de production, le fonctionnement de l’exploitation est peu modifié. L’agriculture peut toutefois chercher à compenser l’éventuel ralentissement de la croissance de l’herbe sur les parcelles séchantes en été en augmentant les rendements en maïs. L’augmentation de la disponibilité thermique permettrait en effet de semer des variétés à meilleur indice, dont le potentiel peut être réalisé grâce à une pluviométrie suffisante en été, associée à la mise en œuvre de techniques permettant de réduire l’évaporation – augmenter le taux de matière organique, couvrir le sol par les résidus de culture, etc. Des variétés de graminées plus résistantes à la sécheresse pourraient également être implantées sur les prairies.

Ainsi, le niveau de la ressource fourragère disponible pour le cheptel laitier, dont la production assure 75 % du revenu de l’exploitation dans sa configuration actuelle, pourrait être maintenu, voire amélioré.

Option 2 : Intensifier la production laitière et développer la méthanisation, par le recours accru au maïs

Dans cette option, l’exploitant décide d’intensifier sa production laitière en augmentant la part de maïs dans l’alimentation des bovins puisque le potentiel de production de cette culture est renforcé par le changement climatique dans cette région.

Les surfaces consacrées à l’herbe sont restreintes aux seules parcelles à forte contrainte agronomique (taux d’argile important) et sont remplacées ailleurs par du maïs. La production fourragère ainsi augmentée alimente un cheptel laitier plus intensif, voire plus grand. En parallèle, un méthaniseur peut être installé afin de valoriser les effluents d’élevage produits en plus grande quantité. La chaleur dégagée par cette installation de cogénération peut être utilisée pour alimenter un séchoir, permettant éventuellement de valoriser en grain une partie excédentaire de la production de maïs. Enfin, pour assurer une alimentation suffisante et constante du digesteur de l’unité de méthanisation, il est envisageable d’implanter des cultures intermédiaires entre des cycles devenus plus courts. Le sorgho, facilement adaptable aux spécificités calendaires annuelles puisqu’il y a peu d’exigence de maturité, pourrait être l’une de ces « dérobées ».

Finalement, l’exploitation s’engage dans d’importants développements permettant d’augmenter la quantité de biomasse produite, valorisée à la fois par la vente, la production de lait et d’électricité.

Option 3 : Diversifier les assolements et augmenter l’autonomie en protéines

Dans cette option, l’exploitant saisit pleinement les nouvelles opportunités offertes par l’augmentation des températures pour diversifier son assolement en intégrant de nouvelles cultures jusque-là non adaptées au climat de la région, dans un double objectif d’augmentation d’autonomie protéique et de résilience face à d’éventuels périodes sèches.

Dans ce cadre, l’exploitant conserve ses surfaces en cultures de vente mais diminue la part de maïs dans la production fourragère. Il pourrait alors implanter une culture de sorgho, en particulier sur les parcelles séchantes. Une autre part serait remplacée par du méteil, qui, récolté au stade immature en juin, apporte un supplément de protéines à la ration des bovins.

Dans le même but, la réintroduction de légumineuses dans la rotation (luzerne), constituant en général un bon précédent pour le blé, peut être envisagée. Enfin, si les recherches en sélection variétale le permettent, la culture du soja pourrait également être introduite dans l’assolement.

Le nouveau système de production serait certes exigeant et complexe en termes de pilotage des cultures, mais il pourrait permettre une production de fourrage relativement constante tout en réduisant les charges de l’atelier d’élevage par une diminution des apports de concentrés – tourteaux de soja, notamment.

Option 4 : Abandonner la production laitière pour privilégier les cultures de vente, dont le maïs grain

Les possibilités offertes par le changement climatique d’augmenter la production de certaines cultures, (notamment le maïs) et d’en introduire de nouvelles, entraînent dans cette option un changement de l’orientation de l’exploitation, qui délaisse l’atelier de production laitière.

Toutes les surfaces de prairies exploitables en cultures annuelles sont utilisées pour augmenter la sole des cultures de vente, notamment en colza dont les rendements pourraient augmenter grâce à la diminution du risque de gel en automne et en hiver.

Les surfaces en maïs seraient également fortement augmentées et la production entièrement  valorisée en grain. L’augmentation des températures pourrait en effet autoriser une récolte à un taux d’humidité plus faible, permettant de faire l’économie du séchage avant la commercialisation. De nouvelles cultures comme le tournesol, bonne tête de rotation pour le blé, pourraient également être introduites à plus long terme. Enfin, les surfaces en prairies impossibles à mettre en cultures pourraient être valorisées de façon très extensive par une production de bœufs à l’herbe.

Finalement, l’adaptation au changement climatique passe dans ce cas par une forte spécialisation en grandes cultures.

 

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